“Coronavirus… beaucoup d’inconnues mais quelques certitudes” : Flash marchés – 16 mars 202016 mars 2020
Les deux choses que nous savons sont que nous sommes dans un processus de dislocation et que nous plongeons dans l’inconnu. Il est pour le moment impossible de prévoir la suite mais tôt ou tard on y verra un peu plus clair. Ne pas être investi, observer et attendre que les conditions d’un scenario positif se dessine, telle est notre stratégie de court terme. Les occasions de long terme qui apparaissent seront remarquables mais doivent être saisies en temps et en heure.
Au moment de commencer cette rédaction, la première chose qui nous vient à l’esprit est que cette épidémie ainsi que les mesures qui l’accompagnent touchent tout le monde. Certains sont particulièrement malmenés. Nous pensons donc d’abord aux malades, aux personnels de santé, aux personnes à la constitution fragile et plus sensibles au virus, à nos parents donc, aux entrepreneurs sur la brèche, aux collaborateurs de certains secteurs en première ligne et bien sûr aux épargnants qui sont affectés par la crise financière qui en découle. Nous ne pouvons qu’espérer que tout se terminera le mieux possible.
Quand nous avons publié notre analyse le 2 mars ou nous évoquions les risques sanitaires et les inévitables dommages économiques et financiers, nous nous étions simplement basés sur un constat qui s’imposait déjà à l’époque à la lumière des connaissances sur le virus et des expériences chinoises et sud-coréennes : face à la grande contagiosité et à la létalité du Covid19, des mesures sanitaires franches (incluant le confinement) seraient prises partout dans le monde et elles auraient de lourdes conséquences sur l’activité au moins à court terme et sur les actifs financiers. Nous recommandions donc la prudence dans les placements – nous l’avions déjà appliqué à nos fonds dès les 21 et 24 février – et d’attendre plusieurs semaines avant d’y voir plus clair.
Ce n’est malheureusement plus un pronostic mais un fait. La plupart des pays entrent inévitablement en récession et les actifs financiers subissent un ajustement de prix dû au choc économique et à l’accroissement du risque. La suite est plus compliquée. Elle va dépendre de tant de choses qu’en caricaturant on pourrait presque écrire que la seule chose que l’on sait c’est qu’on ne sait pas. On ne sait qu’une chose avec certitude, la trajectoire des évènements sanitaires, économiques et financiers dépendra uniquement de la capacité pays par pays à enrayer l’épidémie c’est-à-dire à enrayer son caractère géométrique (une croissance infinie de 25% de cas par jour) qui risquerait de conduire rapidement à l’infection de dizaines de millions de personnes.
Mais on ne sait pas si les mesures prises pays par pays sont déjà suffisantes ou s’il faudra faire plus. On ne sait pas si la phase de mesures sévères sera courte ou pas mais l’exemple chinois montre que si l’on est efficace, on peut tabler sur de bons résultats après six semaines. On ne sait pas si tous les pays agiront avec la même célérité et la même rigueur. On ne sait même pas quel est le bon cocktail de mesures puisque Chinois, Sud Coréens et Italiens utilisent des recettes différentes, les Sud Coréens s’étant abstenus de confiner et de mettre le pays à l’arrêt mais désinfectant à tour de bras et imposant une discipline de fer à leur population. On ne sait pas dans quel univers sanitaire nous évoluerons après la phase sévère. Mais là encore on voit bien que les Chinois ont maintenu une batterie de mesures contraignantes (masques pour toute la population en dehors du domicile, distances de sécurité, contrôles, désinfections, toujours pas de réouverture des écoles, télétravail massif).
Du côté économique, il est clair que l’offre s’effondre là ou l’on stoppe l’activité mais que la demande est aussi sensiblement affaiblie puisque les populations ne sont pas à la fête. Les états et les banques centrales ont bien compris le risque de dislocation et réagissent pour préserver autant que possible la solvabilité des entreprises et les revenus des ménages. Mais vu l’incertitude sur le scenario sanitaire, on se sait pas combien de temps l’activité mondiale sera au ralenti, on ne sait pas avec quelle force elle repartira ensuite ni si les états sauront la stimuler efficacement. Les mesures de relance chinoises très timides peuvent laisser penser que leurs dirigeants croient qu’il est prématuré de stimuler une population masquée et encore sous le choc.
Du côté des possibles bonnes surprises, on ne sait pas si le virus a une dimension saisonnière qui pourrait le faire disparaitre temporairement.
Nous sommes donc dans le flou le plus complet sur la profondeur et sur la durée de cet évènement hors du commun qui a toutes les caractéristiques du Cygne Noir de Nassim Taleb (infime probabilité, imprévisibilité absolue, conséquences inquantifiables a priori mais potentiellement considérables). Ceux qui prétendent aujourd’hui savoir ce qui va se passer appartiennent plutôt à la catégorie des diseurs de bonne aventure. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne doit pas espérer. C’est même un devoir en temps de crise. Il y en un autre. C’est celui d’agir. Pour l’investisseur, agir en période de crise c’est prendre des dispositions pour optimiser ses chances de moyen-long terme.
Dans le cas présent et puisque rien ne peut être exclu (du redémarrage dans quelques mois jusqu’à la dislocation durable) et que pour le moment rien ne peut être décidé avec clarté sur la durée, il nous semble que les bonnes dispositions sont celles qui permettent de préserver le capital et d’attendre qu’un scenario de redressement possible prenne forme.
Il ne faut pas oublier que la formation d’un point bas sur les marchés financiers est toujours un processus instable. Rien n’est évident à l’avance. C’est la compréhension du processus qui permet de déceler l’épuisement d’une baisse. Dans le cas présent, la maîtrise de la courbe épidémique est primordiale pour le rétablissement de l’offre. Vient ensuite le rétablissement de conditions favorables à un retour de la demande. A plus court terme, ce qui pèse sur les actions et le crédit est le risque de liquidation. Beaucoup d’investisseurs n’ont pas encore pris en compte la possibilité d’un scenario noir et donc beaucoup de portefeuilles ne sont pas suffisamment dérisqués. C’est particulièrement vrai aux Etats Unis ou la part des actions dans l’épargne des ménages avait retrouvé le pic de 1973 et de 2000. Les investisseurs américains sont encore souvent dans le déni et les bluechips de croissance (et chers) de ces dernières années n’ont encore corrigé que de 15%. Rien ne dit que cette liquidation se produira bien sûr mais c’est un risque de plus.
Rester peu investi, observer et attendre que les conditions d’un scenario positif se dessine, telle est notre stratégie de moyen terme. Nous le répétons, les occasions de long terme qui apparaissent seront remarquables mais doivent être saisies en temps et en heure.
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