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“Nous arrivons peut-être à un tournant sur les marchés” Arnaud Raimon – Podcast Point Macro sur Club Patrimoine

18 novembre 2024

“Nous arrivons peut-être à un tournant sur les marchés” Arnaud Raimon

Positionnement des marchés : prudence face aux incertitudes macroéconomiques et politiques

En tant que gérant flexible, il y a des moments comme ça où on sent qu’il y a des pivots et beaucoup de situations qui peuvent changer la donne dans les prochains mois, prochaines semaines. C’est votre sentiment en ce moment ?

Oui, notre sentiment, c’est qu’on arrive peut-être à un tournant. Alors je dis bien peut-être, mais en tout cas, il y a des choses qui pourraient se passer. Ça nous amène à prendre un certain nombre de décisions conservatoires, à la fois sur la partie obligataire et sur la partie action.

Sur la partie obligataire, vous gardez les bonnes idées que vous aviez eues depuis plusieurs semaines, plusieurs mois, et vous écrêtez globalement. On peut résumer comme ça ?

Oui. De façon plus générale, il y a peut-être un risque inflationniste avec la hausse des taux d’intérêt américains à venir. Le risque inflationniste aux États-Unis impose certainement de la prudence sur les obligations américaines à long terme, de bonne qualité de crédit, y compris les emprunts d’État américains. Inversement, cela pourrait avoir un effet un peu dépressif ou déflationniste sur l’Europe. Donc, au contraire, on pourrait se dire que peut-être les taux longs baisseraient en Europe. Ce serait une bonne idée d’acheter du Bund allemand. Mais tout cela n’est pas encore certain. Il faudra attendre de voir les décisions prises fin janvier par la nouvelle administration pour savoir comment se positionner sur les taux longs. Aujourd’hui, on est entre deux. Sur le crédit, de façon factuelle, les spreads de crédit ont beaucoup baissé. Sur l’investment grade et le high yield, on n’est pas au plus bas, mais cela a beaucoup baissé. Certaines obligations sont mal rémunérées aujourd’hui. Donc, on époussette doucement le portefeuille. On vend ce qui a bien performé et qui n’a plus un rendement justifiant de garder ce type de risque en portefeuille. On a vendu But, Verisure et Bayer. On époussette le portefeuille crédit obligataire, mais sans le liquider.

Pour basculer sur la partie action, où en êtes-vous aujourd’hui ?

Sur une échelle de 0 à 100, on est à 30 % d’actions. On a beaucoup de liquidités et on fait vraiment du pur stock picking. Ce qu’on constate, c’est que le marché américain est très cher. Les valeurs de croissance sont ultra chères et leur taux de croissance diminue d’année en année. L’antitrust commence à parler un peu plus fort qu’avant. Prudence sur les valeurs de croissance en général, et en particulier sur les grandes valeurs de croissance tech américaines. Microsoft a été attaqué par la FTC hier, par exemple. Au contraire, la value paraît moins chère. Elle n’est pas spécialement bon marché, mais elle n’est pas trop chère aux États-Unis, et même parfois bon marché en Europe. On a donc tendance à faire du picking dans l’univers value plutôt que croissance. Quelques exemples : nous avons de l’Alstom en portefeuille, ainsi que de l’Intesa dans le secteur bancaire italien.

Cette période d’attentisme, vous pensez qu’elle peut durer jusqu’à janvier ou février, en attendant les premières décisions de l’administration Trump ?

Il y a eu un petit effet champagne aux États-Unis avec l’élection de Trump. Maintenant, je pense que le marché risque de devenir très attentiste. Il y aura des décisions prises fin janvier avec la nouvelle administration. Je ne vois pas le marché bouger beaucoup dans les deux ou trois mois à venir. On est à un stade entre espoir et inquiétude, avec peut-être un peu plus d’espoir aux États-Unis et un peu plus d’inquiétude en Europe. L’un dans l’autre, les choses risquent d’être assez calmes. C’est le calme avant la tempête. Peut-être qu’à partir de fin janvier, cela bougera. Il y a quelques grosses décisions à prendre.

 



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